• Un certain petit cahier bleu

     Nous sommes le 1er Août 1914 et le tocsin sonne le glas dans toutes les campagnes. Adrien Rapiné, né en 1879, garde-barrière à Alligny-Cosne dans la Nièvre vient d'être mobilisé.

    Ce capitaine âgé de 36 ans, embrasse sa femme de 25 ans, lui confie son fils Jean, 4 ans, et se prépare à partir.

     Les jours suivants, l'officier Rapiné décide de noter son quotidien sur du papier.

    C'est un petit cahier, à la couverture bleu délavé et aux pages jaunies par le temps, que découvre Jean Luc Priane son petit fils, comédien ,habitant à Launaguet en Haute Garonne,à la mort de sa mère en 2008.

     Sur la page de garde, d'une écriture fine et soignée, un petit mot signé d'Adrien priant la personne qui le trouve de bien vouloir le rapporter à son épouse.

    Il pensait ne pas revenir et a confié ses sentiments les plus intimes à ce journal.

     Une pensée posthume pour ma grand mère explique Jean Luc Priane...

    Au fil des pages, l'officier couche sur le papier ses  chagrins trop intimes . Les semaines passent, le petit cahier ne le quitte jamais. Avant de monter à l'assaut, le doute et la peur. Au retour, il s'en excuse. Pendant les charges et les canonnades, Adrien se prend à songer aux lèvres de son aimée.

     - Je t'aime quand tes yeux sur les miens, tu me forces à dessiner jusqu'aux plus petits battements de ton cœur .

     

    Puis plus bas l'horreur:

    -Mourir d'une balle en plein front, en plein cœur, là où l'on aime, oui, c'est une mort de soldat, mais cela, ces chairs broyées, cet état sanglant de cadavres fauchés par cet obus stupide ; non, mourir ainsi, c'est une torture seulement d'y penser.

    Le petit cahier bleu s'arrête brutalement le 12 décembre 1914.

     - Donne tes lèvres, et mords les auparavant pour qu'elles soient plus rouges et que le baiser soit meilleur, au revoir.

     

    Non Adrien Rapiné n'est pas tombé. L'officier est même l'un de ceux hélas trop rares, qui sont revenus (sur) vivants de ce que les contemporains de ce terrible conflit ont appelé la grande boucherie.

     Le lendemain de ce 12 décembre 1914, Adrien est simplement parti en permission et a offert son petit cahier bleu à l'élue de son cœur.....

     

    c'est une histoire vraie ,que je vous livre là  comme je l'ai lue ,qui m'a beaucoup émue,et je ne peux m'empêcher de penser à l'enfer que ces hommes ont connu.. 


  • Commentaires

    1
    Samedi 13 Novembre 2010 à 15:30
    Guy de Bruges

    Je viens de voir à l'instant l'enregistrement que j'avais fait avant-hier soir sur 14/18 Infrarouge. Quelle saloperie cette guerre. Comment en parler en quelques mots ? 

    Allez... Bon ouikinge ! 

    2
    Dimanche 14 Novembre 2010 à 08:20
    TELOS

    tout simplement beau

    3
    Dimanche 14 Novembre 2010 à 14:52
    anto

    Salut Evelyne ,même dans un enfer pareil certains on souffert plus que d'autres notamment ceux qui n'ont pas quitté le front de toute la durée de la guerre .

    bonne soirée ici un temps magnifique ,on peut dejeuner dans le jardin !!!a++bise

    4
    Dimanche 14 Novembre 2010 à 16:34
    Robert Marleau

    Tout simplement magnifique, une pensée réconfortante pour ces soldats oubliés.

    5
    Lundi 15 Novembre 2010 à 18:44
    Axel21

    Bonsoir Evelyne. Un de mes grands oncle est mort dans cette guerre après un mois de combats, à 20 ans. Je raconterai un jour cette histoire. Grosses bises

    6
    Bruno
    Mardi 25 Novembre 2014 à 20:48
    Bruno

    Toutes les guerres sont horribles, mais je crois que celle-ci a dépassé toutes les limites.......

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